Les dramaturges de Fontaine utilisent souvent les cordes comme analogies pour les cœurs... Et tout comme les cordes d'une harpe, le cœur d'une personne change d'ombre et de couleur selon la mélodie du destin. L'idée de « corde » se retrouve dans l'une des plus anciennes pièces fontainoise, « Dryas ». Cependant, la corde mentionnée n'était au début pas celle d'une harpe, mais d'un arc.
Le personnage principal s'appelait Aurelius, la forme originale du personnage éponyme de « La saga d'Aurelius » de Coppelius. Dans le scénario, il a été honoré comme un héros glorieux comme l'or, qui a conquis d'innombrables nations et villes traîtres pour Fontaine. Cependant, il n'existe pas de personnage correspondant dans l'histoire et, en tant que tel, il est souvent considéré comme une invention fictive, tout comme le personnage d'Ajax.
La légende raconte que lors d'une campagne, il tomba dans un piège tendu par son ennemi et se perdit avec son armée au milieu d'une forêt de pins. Juste au moment où la lame d'un assassin allait lui ôter la vie, des flèches blanches transpercèrent l'air comme une pluie battante. Et alors qu'il regardait dans la direction du son frémissant de la corde de l'arc, il vit que « les divinités avaient créé une telle beauté, mais détruit le moule par pitié pour les mortels ». La jeune fille, Dryastis, lui prit la main, une main qui n'aurait plus jamais dû ressentir un contact aussi délicat, et l'amena au-delà des pins tachés de sang.
« Je désire simplement que plus personne ne meure ici en vain. Trop de chagrin a déjà coulé dans les eaux. Je ne vous demande qu'une chose, noble guerrier : éloignez ce conflit de cette terre. Ne soumettez plus ces eaux pures à la « mort ». Préservez notre dernière demeure. »
Les jeunes conquérants croient souvent que leur corps et leur cœur sont aussi résistants que le marbre qui orne les murs des villes. Mais de même que tous les royaumes doivent tomber dans le silence, les cordes agitées ajoutent des notes dissonantes à la saga poétique d'un héros...
Des millénaires de légendes changeantes et d'adaptations théâtrales ont donné à ce conte toutes sortes de développements prolongés. Dans certaines versions, le héros, qui a autrefois soumis d'innombrables villes et nations, tient compte des paroles de la jeune fée. Il accepte l'arc que lui tendent ses mains et sonne le retrait, pour ensuite être tué en route par des traîtres complices, son corps jeté dans les profondeurs de l'océan. Dans d'autres contes, l'illustre Aurelius tombe dans un amour angoissant et affolant, et mène alors son armée dans la forêt de pins... Pour la retrouver, nourri par l'envie de la revoir et d'en faire son amante, qu'elle puisse rester à ses côtés. La jeune fille s'enfuit au bord de la rivière, pleurant alors qu'elle en appelle à sa mère d'eau pure pour la sauver des obsessions du héros. La maîtresse des eaux multiples a pitié de son sort et se transforme en pin. Puis, la corde de l'arc qui a autrefois envoyé l'amour à Aurelius se brise comme le cœur que la flèche a frappé, et elle tombe aux côtés de la jeune fille en silence, s'enfonçant dans les innombrables lotus pluvieux. Le jeune héros, peiné, regarde les fleurs dans l'eau et ne veut pas partir, tombant finalement dans une mare profonde...
Les philosophes naturels qui suivirent affirmèrent que, selon leurs recherches, une tribu barbare nommée « Dryas » s'était autrefois installée ici. C'est ce qui a valu à la forêt de pins d'être nommée ainsi. De telles explications peu romantiques n'ont jamais eu grand-chose à voir avec le théâtre. Qu'il ait connu sa fin en s'enfonçant dans les profondeurs de la mer, ayant ensuite sa volonté et son désir poncés par le passage du temps... Ou qu'il est refait surface après de nombreuses années, pour finalement être tué par la nouvelle armada blanche ou les chasseurs de la Maréchaussée... L'histoire du jeune héros a pris fin et Dryastis n'est devenue qu'une légende née d'une époque chaotique.
Et quant à la manière dont cet arc, qui avait tant perturbé le destin d'Aurelius, est arrivé entre les mains de quelqu'un qui vivait au plus profond des eaux, après avoir changé plusieurs fois de mains... Pour finalement être décoré et transformé en accessoire de théâtre pour des représentations d'enfants dans le pays d'origine de cette personne... C'est une tout autre histoire...